Entretien avec…

… un graphiste
et pas n'importe lequel, celui qui nous a fait notre logo dont on est si fier, Benoit Bonnemaison-Fitte.


(Entretien réalisé par Tito)

Nous voulions donner la parole à Benoit afin de vous expliquer la genèse de notre logo. On se croise dans la rue, l’invitation est lancée, quelques jours plus tard, le téléphone sonne :
« -Salut, c’est Benoit.
- Salut Benoit, qu’est ce qui t’arrive ?
- J’ai 2 nouvelles à t’annoncer, 1 bonne et 1 mauvaise. Par laquelle tu veux que je commence ?
- Commence par la mauvaise si tu veux.
- Et bien la mauvaise c’est que nous serons 7 !
Et donc la bonne c’est que nous répondons favorablement à votre invitation ! »
Le rendez-vous était donc pris, à la maison, pour un apéro suivi d’un repas en famille.
Cet entretien s’est en fait déroulé tout comme la conception de notre logo, des amis réunis autour d’un verre et d’une belle assiette pour parler de projets communs, motivants et inspirants.
Je m’improvise donc journaliste, mon portable posé sur la table en mode enregistreur, 2 verres de bières blondes artisanales et des petits toasts de foie gras pour accompagner tout ça. L’enregistrement aura duré 1h03 et la soirée ... bien plus que ça ! Cet échange m’a permis de découvrir le parcours atypique d’un sacré personnage.


«A 12 ans je joue de la batterie. Je ne fais que ça et je ne pense qu'à ça !
A l’école, je ne suis pas très bon et je ne sais même plus comment mais j’intègre l’école Nationale Supérieure de Création Industrielle. Imagine, le petit gars de la campagne qui débarque dans ce qui est considéré comme l’une des meilleures écoles de design de France. Se retrouver là, dans ce lieu, c’est exceptionnel et quand j'arrive, je propose un travail sur le son des objets.
On contacte le centre d’étude et de recherche Pierre Schaeffer, centre de musique électro acoustique et c’est là que je rencontre Béatriz Ferreyra, l’assistante de Pierre Schaeffer. Cette femme m’a profondément marqué, elle nous a appris à sortir de nous-même. Nous avons conçu des objets à sons et ce travail, sur la mise en son en direct, nous a permis de découvrir que le son est un matériau qui se dépasse dans l-espace. Tout fait son et on travaille avec tout. C ‘est abstrait mais l’idée est absolument géniale car ça révolutionne la notion du son et comme on l’appréhende et donc de la musique.
Ce travail qui a duré quelques années, m’a fondamentalement changé, à partir de ce moment, moi qui voulais être musicien, Batteur Bateau ! Là tout d’un coup, grâce à cette rencontre, on peignait des partitions complètement dingues. »
Diplôme en main, Benoit m’explique qu’il fait des choix forts alors que « personne ne fait ça », il quitte Paris et décide de revenir s’installer à Toulouse puis retour au bercail, Aurignac, le village de son enfance. Les 3 premières années il réalise une série de films d’animation pour Canalsatellite, des petits programmes diffusés avant les films pour les présenter. En parallèle, il s’essaye au dessin pour un livre pour enfants pour les éditions du Rouergue, il dessine des fringues et dessine ses premières affiches, pochettes de disque et flyers pour les groupes de musique, groupes dans lesquels il joue ou bien groupes de copains qu’il continue, 20 ans plus tard, à côtoyer. C’est Jean-Pierre Layrac, organiseur du festival de free jazz à Luz, qui lui confie la

communication de son premier évènement majeur.

Depuis, les collaborations se sont enchaînées, les grands théâtres font appel à ses services, les galeries le contactent pour faire des expositions et la profession reconnaît son travail en le faisant membre de l’Alliance graphique internationale (seulement 23
artistes français dans le monde). « J'ai inventé ma façon de travailler et décidé de l'endroit où j’habiterais. »


Vous l’aurez compris, avoir comme voisin et ami un tel personnage, « graphiste casse coui... » comme il aime se définir sur le ton de l’ironie, nous a conduit à lui demander de nous dessiner notre logo.
« Le mot, la cafetière, est tellement fort que redessiner une cafetière en train de bouillir qui est généreuse, vivante, pétillante, dynamique aurait été l’approche la plus évidente mais y a pas que ces versions-là, il ne faut pas s’arrêter là. Je trouve ça plus intéressant de travailler sur un mouvement dans la typo qui soit dynamique, une organisation des lettres, des mots, des lignes qui viennent symboliser quelque chose qui est en train de bouillir. C’est quelque chose qui est joyeux, qui est dynamique, qui est très simple, très sobre, qui se la raconte pas. Quelque chose de très efficace, c’est universel, c’est un tampon, une estampille.
La première piste du logo, c’est qu’on ne se sente pas exclu quand on le voit, qu’on ait accès très facilement à la lecture. Ce qu'on a été chercher, c’est que c’est écrit à la main, y a un coté humain, c’est l'idée majeure principale.
La deuxième chose, c’est l’idée de signature. Ma façon d’écrire est une signature, ça veut dire revendiquer, affirmer quelque chose et là on affirme, c’est franc du collier, qui va de l’avant. Quand on signe un document on affirme quelque chose et moi, je veux le revendiquer, je veux que ça me plaise. »
Et il se trouve que ça nous plaît ! Nous espérons que ça vous plaira autant que nous. Nous essaierons d’être à la hauteur de l’engagement de cette signature. Alors nous voulions remercier Benoit pour ces moments, passés et à venir, partagés à La
Cafetière. Pour son travail, son amitié et sa générosité car lorsque vous viendrez nous rendre visite, vous pourrez voir que son aide n’a pas été que pour la réalisation du logo...